Salve Lars, présente-nous
Soleil Noir
SoleilNoir est une association sans
buts lucratifs aux termes de la loi suisse, créée début
2002 à Lausanne. Son but est l'organisation de concerts, essentiellement
dans la mouvance neofolk / dark-folk, et par extension aussi (post-) industrielle,
martiale, "military pop", rituelle ou expérimentale. Nos motivations
étaient simples: à l'époque aucun club, aucune association
existante (à l'exception du site web Heimdallr et de Yann C., qui a fait
un véritable travail de pionnier en Suisse, notamment avec l'inoubliable
festival au château de La Sarraz, en 2001 sauf erreur) ne s'intéressait
à ces musiques, qui à l'époque étaient pourtant
réellement en train d'exploser, partout en Europe.
Sans que nous l'ayons prévu ni voulu, notre premier concert fut Death
In June et Non, en avril 2002, ce qui constituait le meilleur baptème
du feu possible! Cette même année, nous avons fait venir les Italiens
de Spiritual Front, les Allemands de Darkwood et Voxus Imp. (dans les caves
du château d'Yverdon, près de Lausanne) et les Suédois de
Ordo Rosarius Equilibrio, pour terminer en beauté avec Sieben, Forseti
et :Of the wand and the moon: - une première année pleine d'enthousiasme
donc, mais qui s'est malheureusement soldée par un méchant trou
financier. Nous en avons tiré quelques leçons, notamment concernant
l'absolue nécessité d'une bonne promotion et le caractère
financièrement suicidaires des concerts du dimanche soir...
Depuis nous préférons faire moins de choses, mais mieux. D'autant
plus que d'autres associations semblables à SoleilNoir sont depuis lors
apparues en Suisse, comme Totenlicht (www.totenlicht.ch),
Algiz (http://home.datacomm.ch/algiz)
ou notre pendant alémanique SchwarzeSonne (www.schwarzesonne.ch),
avec lesquelles nous collaborons et qui font qu'actuellement la Suisse possède
une scène "neofolk" très active pour un si petit pays,
ce qui n'était pas le cas il y a trois ou quatre ans.
Quelles sont les prochains
évènements prévus?
Une «Nuit française» bien cocardière avec Tribe of Circle et Dernière Volonté, le samedi 5 mars 2005. (NDLR : également Blood Axis en novembre 2005 m'a-t-on dit par email...)
Est-il toujours envisagé
que vous sortiez des 7"?
Absolument. Le premier sera un 7" exclusif de Tribe Of Circle, qui ne sera disponible qu'avec le billet d'entrée au concert.
Concernant le magistral concert
à Yverdon, quel est ton bilan personnel?
Extrêmement satisfaisant dans l'ensemble. Les groupes étaient ravis, Der Blutharsch en particulier ont donné de leur propre aveu leur meilleur concert de la tournée, le public était dans l'ensemble content et nous sommes rentrés dans nos frais, que vouloir de plus? Bien sûr, bien des points auraient pu être améliorés, et le seront pour notre prochaine soirée, notamment concernant la formule "repas + concert" que nous voulons reprendre en l'améliorant. On apprend sur le tas (enfin ce n'est pas très gentil pour Albin, ça)...
Avez-vous rencontré
des soucis pour l'organisation?
Etonnamment,
aucun, pour l'instant. Je touche du bois. La situation en ce qui concerne la
liberté d'expression, et en particulier le poids de certains groupes
de pression et lobbies, semble être un peu moins critique en Suisse qu'en
France ou qu'en Allemagne. Evidemment il suffit d'infiniment peu de chose: un
"vengeur masqué" derrière son ordinateur, un journaliste
en mal de sujet, un gérant de salle particulièrement frileux ou
un élu local prompt à dégainer une interdiction, et c'est
l'engrenage infernal. Mais en ce qui nous concerne, nous avons dès le
départ décidé de jouer carte sur table: nos statuts, nos
buts, nos noms et même nos professions figurent expressément sur
notre site. Nous n'avons rien à cacher, ne faisons rien d'illégal,
et sommes prêts à répondre à toute question, à
nous défendre contre toute attaque, à visage découvert.
Je pense que cela joue en notre faveur. Nos "ennemis" potentiels réfléchissent
à deux fois avant de nous attaquer, parce que de toute évidence,
nous ne sommes pas des crétins incultes, et nous n'avons pas peur.
On se souvient de concerts
qui se sont moins bien passés, notamment celui de Death In June à
Lausanne...
Comme je l'ai dit, il suffit de peu de choses. On est en train de le voir en ce moment-même (janvier 2005) avec Sol Invictus (dangereux groupe nazi comme chacun sait), dont le concert zurichois vient d’être annulé suite à un «article» d’Indymedia. Pour en revenir à DI6, cette interdiction a provoqué à l’époque chez moi un brutal "réveil"... il m'a fallu vivre ça pour soudain réaliser à quel point notre petite "liberté" de producteurs-consommateurs était illusoire. Nous nous sommes tous pris une grosse baffe face à tant de bêtise bornée et d'arbitraire, confrontés à des types lâches et méprisants qui détiennent un petit pouvoir, qu'il soit médiatique et politique, et en abusent sans scrupules. Face aussi à ces tristes ayatollahs anonymes qui se disent «anti-fascistes». Sans ce triste épisode, SoleilNoir n'existerait pas, c'est certain.
Quels enseignements as-tu tiré de ces difficultés? Avez-vous
du modifier votre politique interne ou vos manières de procéder
depuis?
Pour notre premier concert, qui marquait le grand retour des bannis Death In June à Lausanne, nous avions pris les précautions maximums: pas de flyers, le nom et le logo de Death In June n'aparaissaient nulle part, les gens avaient du s'inscrire par mail et n'avaient été informés du lieu du concert que le jour même, etc. Depuis nous nous sommes enhardis! Simplement, nous sommes prêts au pire à chaque fois, avec une plan B au cas où...
De plus en plus de nouveaux groupes industriels et neofolks ont tendance
à s'enfermer dans certains clichés historiques.... Ne penses-tu
pas que celà soit à long terme préjudiciable pour notre
"scène"?
Il est très délicat de parler en termes généraux.
Les groupes dont tu parles peuvent utiliser ces clichés pour une foule
de raisons différentes, du plus superficiel au plus profond. Peut-être
que le seul point commun entre tous est le rejet de la modernité et un
certain intérêt pour une époque-clé à la fois
si proche et si éloignée de nous, si présente et pourtant
marquée du sceau du refoulé, de l'interdit. Ce qui ne la rend
que plus fascinante évidemment. Une époque dont les valeurs traditionnelles
sont devenu les tabous d’aujourd’hui, par une étrange inversion.
De toute façon la pire des choses qui pourrait arriver à cette
scène serait qu'elle en vienne à renoncer à ses aspects
les plus "provocateurs" et "dérangeants" pour des
raisons de "political-correctness" et des motifs économiques...
Je pense que le best-of de Der Blutharsch paru sur un label sioniste israélien
est le pire exemple possible d'un artiste prêt à n'importe quelle
clownerie pour se débarrasser d'une image devenue gênante (qu’il
utilise comme un simple instrument de marketing). Certains veulent y voir la
"provocation" ultime, je n'y vois qu'une pathétique pantalonnade.
Vois-tu une issue pour les
difficultés d'image rencontrées face aux ligues de vertu et aux
autorités?
Non,
si ce n'est: ne pas renoncer, par principe. Les problèmes que nos sociétés
vont devoir affronter ces prochaines années et décennies vont
prendre de telles proportions que l'Etat ne pourra pas éternellement
utiliser le bâton contre un côté et la carotte pour l'autre.
La majorité bien-pensante l'est de moins en moins. Les esprits se réveillent,
les dieux oubliés reviennent. Les lobbies du "penser juste"
s'affolent, car leurs jours sont comptés. Peut-être que dans un
sens, à court terme, le temps travaille pour nous.
Cela dit, il est vrai que la situation en France est grave. J’ai appris
récemment que certains ouvrages de Nietzsche et d’Evola étaient
interdits chez vous, ou en passe de l’être. Quand le pays de la
raison critique commence à brûler des philosophes, c’est
qu’il est déjà bien tard.
Comment expliques-tu que l'organisation
de concerts darkfolk en Suisse soit malgré tout bien moins risquée
qu'en France?
Au risque de paraître très politiquement incorrect, je dirais: parce que la situation de l'immigration en Suisse n'est pas encore aussi critique qu'en France. L'Etat n'a pas besoin d'être aussi répressif pour maintenir par la force, la menace et la censure une apparence de cohésion sociale. Certains lobbies sont heureusement moins actifs. Et la gauche et l'extrême-gauche sont historiquement moins puissants.
Etes-vous
souvent l'objet de menaces ou de tentatives d'intimidation?
Non, jamais. Et personne n'a jamais
osé nous dire en face qu'il ne nous aimait pas (même si nous savons
que nous avons des ennemis). C'est aussi ça, la Suisse! J'aimerais
quand même préciser (un point qui me toujours semble aller de soi,
mais ça n'est pas le cas pour tout le monde semble-t-il), que SoleilNoir
est une asso fondamentalement _apolitique_: nous organisons des concerts, pas
des meetings. Nous nous faisons plaisir, nous ne militons pas pour une cause,
quelle qu'elle soit. Nous sommes sept membres en Suisse romande, si tu nous
réunis tous autour d'une table, sur pratiquement n'importe quel sujet
tu auras 3 ou 4 points de vue différents, voire opposés, et c'est
très bien comme ça. Les opinions de chaque membre - de chaque
individu d'ailleurs - ne regardent strictement que celui-ci _et personne d'autre_.
Ni l'Etat, ni personne. Dans SoleilNoir, notre seul domaine d'action est la
musique.
Quel est ton meilleur souvenir en tant que membre de Soleil Noir?
Le concert de Death In June, sans doute. Parce que je suis un fan total (et à l'époque encore plus qu'aujourd'hui), et aussi parce que c'était une belle revanche contre les abrutis qui avaient interdit et fait interdire le concert quatre ans plus tôt.
Parles nous de Antz et de ses
activités de DJ...
Aucun intérêt. Revenons plutôt à moi, si tu le veux bien... (rires) Antz est _le_ DJ suisse le plus connu et le plus coté dans les musiques "electro-dark", au sens le plus large. En 11 ans, il a mixé dans des centaines de soirées, en Suisse évidemment mais aussi en France, en Allemagne, en Italie ou en Espagne, et dans les plus grands événements, comme le Wave Gotik Treffen de Leipzig ou l'Arcana Europa près de Madrid. Parallèlement, il a aussi un projet live, Trincea, pour lequel il est généralement accompagné d'une danseuse / stripteaseuse / chanteuse, ou de projections. Après une cassette et quelques participations à des compiles, il devrait finir par sortir un CD, mais je n'en sais pas plus. Antz est aussi le co-fondateur de Sanctuary et c'est avec lui que cette asso gothique a connu ses meilleurs moments, il y a pas mal d'années de ça, et le co-fondateur de SoleilNoir, bien entendu. Pour plus d'infos sur ses activités passées, présentes et à venir, se référer à sa page: soleilnoir.ch/antz.htm
Organiserez-vous des soirées
telles que celles de Sonorités Obscures?
Si tu veux parler de soirées DJ, nous en avons déjà organisé à une occasion. Mais ce n'a jamais été notre but principal. C'est aussi une question de public. Le public des concerts SoleilNoir est constitué majoritairement de gens de l'extérieur, qui se déplacent spécialement depuis la Suisse alémanique et les pays limitrophes, France, Allemagne, Italie. Ces gens ne se déplaceraient pas pour une simple soirée DJ. Ce qui est possible dans une grande ville comme Lyon ne l'est pas dans un bourg comme Lausanne. Cela dit, rien n’est exclu… mais alors ce sera quelque chose de très spécial.
Quelle est la dimension symbolique
de vos visuels?
Une petite explication des éléments de notre logo figure déjà sur le site, inutile d'y revenir, si ce n'est pour annoncer que celui-ci va être redessiné prochainement. Mais ces symboles de base resteront, car leur origine, leur histoire, leur signification, leur mystère représentent différentes valeurs qui nous sont chères.
La mythologie et l'ésotérisme
tiennent-ils une place importante dans vos aspirations?
L'ésotérisme - non. Nous nous intéressons aux runes et à la mythologie nordique bien sûr, mais il n'y a là rien d'ésotérique. Le véritable savoir ésotérique est réservé à quelques élus qui choisissent d'y consacrer leur vie. Ce n'est pas notre cas.
Quels aspects de la cosmogonie
européenne te semblent les plus fondamentaux?
Alors là tu m'en demandes trop... je pourrais essayer de m'en sortir en disant qu'aucun aspect n'est plus important que les autres, car c'est justement en se réappropriant l'intégralité de sa tradition, en réintégrant son être profond dans sa totalité que l'Européen redeviendra véritablement lui-même, différencié et unique... mais en fait ce serait juste pour ne pas avouer que je suis incapable de répondre à ta question!
Ton souhait pour l'avenir de
Soleil Noir?
Tout ce que j'ai souhaité pour SoleilNoir s'est réalisé: nous avons pu faire jouer chez nous à peu près tous les groupes dont nous rêvions; nous avons peut-être influencer d'autres gens qui à leur tour se sont lancés dans des projets allant dans le même sens; nous avons fait des rencontres et passé des moments inoubliables. Je ne vois pas ce que je pourrais souhaiter de plus... Disons qu'il y a encore quelques artistes que nous aimerions pouvoir inviter, comme Les Joyaux de la Princesse, Orplid s'ils se décident à faire des concerts, Scivias, Sonne Hagal, et pourquoi pas une seconde fois Forseti et :Of The Wand And The Moon: . Ensuite il sera temps de tourner la page et de commencer quelque chose de neuf, mais toujours habités par les mêmes idéaux évidemment.
SANGUE E SPIRITO!